
Mardi 10 octobre
Suite à des problèmes administratifs en relation avec ma fille, le tribunal d’Albi a saisi une association avec laquelle elle travail, jusqu’en décembre de cette année. Le but étant de définir, si suite à sa fugue, elle a des comportements qui puissent la mettre en danger, elle et son fils dont elle a accouché le jour de son anniversaire en juin dernier.
Un premier rendez-vous en présence de sa mère quelques semaines plus tôt, ou il m’avait été posé la question quelque peu dérangeante déjà « monsieur ou madame ».
Bien évidement, tous mes papiers administratifs et mon changement de civilité effectué, je réponds « Madame s’il vous plait ». Le rendez-vous pour ma part est fixé le mardi 10 octobre. Je m’y rends totalement confiante, mais les choses vont être bien au-delà de ce que pouvait m’imaginer.
Je suis reçue par une des psychologues de leur service, qui m’installe dans un bureau afin d’y faire audience. Dès les premières questions, je prends conscience que ça tourne à « l’interrogatoire ».
Elle commence « monsieur », je la reprends immédiatement, « madame s’il vous plait » Elle reprend une seconde fois « Monsieur », à nouveau, je la reprends, et elle continue comme si de rien n’était, à nouveau, « monsieur », je hausse légèrement le ton, et lui fait comprendre que la situation devient dérangeante. Elle n’en démord pas et là me répond :
- oui, vous avez demandé à être appelée Madame, mais désolé, moi, il est écrit monsieur sur votre dossier.
Je suis stupéfaite par cette réponse, je lui propose alors de voir ma carte d’identité, elle refuse. Elle marque un temps d’arrêt, me regarde et me dit :
- Je peux vous poser une question indiscrète ?
- Je réponds, tout dépend de la question, mais allez-y.
- Avez-vous été opérés ? Je reste abasourdi par cette question, mais décide quand même de lui répondre.
- Vous savez que c’est typiquement la question à ne pas poser à une personne transgenre, mais comme je suis d’un naturel gentil, je vais tout de même vous répondre, oui, j’ai effectivement été opéré en mars dernier.
- D’accord, donc c’est bien madame.
- À quel moment une personne « psychologue représentant le service public » est-elle en mesure de prendre une telle position ? Son comportement provocateur, discriminatoire, me déstabilise au plus haut point. Le reste de son « interrogatoire » sera du même acabit. À première vue, et c’est très clair, ma transidentité la dérange, et vu ces dires, je serais en partie responsable du mal-être de ma fille. Je sors du rendez-vous totalement perdu, j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qui vient de se passer. Cela fait ressurgir en moi énormément de choses de mon passé que j’ai mis, dans certains cas, des années à oublier. Depuis cet incident, j’ai développé des troubles du sommeil et un état d’anxiété énorme. J’ai eu avec beaucoup d’insistance un rendez-vous avec sa directrice, qui minimise les faits bien sûr. Depuis le début de mon parcours, j’ai bien évidemment été malmenée, insultée, mais jamais avec un tel acharnement et une telle violence dans les propos. La plupart des personnes autour de moi à qui j’ai la force d’en parlé son stupéfait.e, certains me conseillent même de déposer plainte, je prends conseil de tous, et je me fixe pour objectif, le rendez-vous avec la directrice le vingt-neuf novembre.
Comme quoi, ne jamais rien prendre pour acquis, tout peut basculer à tout moment. 🙁
