
Retour au travail, voilà déjà un peu plus de quinze jours que j’ai commencé mon traitement, la seule personne du travail au courant est mon ami du même bureau que moi, je lui en ai parlé trois jours plus tard, sa réaction fut brève, mais clair, « si c’est une blague, c’est de mauvais goût », s’en ai suivi la question importante, « tu vas faire comment pour le boulot ? », ma réponse précise, « je l’annonce dès la rentrée ». Le lundi 03 janvier, j’interpelle mon responsable, je lui informe que j’ai quelque chose de très important a annoncé Rendez-vous pris, le 04 janvier, on y est, je fais mon coming-out auprès de mon chef, l’admin système, et mon directeur.
Je m’y suis préparée pendant plusieurs mois, me suis tourné les questions dans tous les sens, et ce moment va être au-delà de mes espérances. Leurs messages de soutien, de bienveillance à mon égard me vont droit au cœur. Dans la lancée, je fais de même avec ma collègue de bureau, qui depuis la veille, sachant que j’ai pris rendez-vous pour parler de quelque chose de très important, est anxieuse de peur d’une mauvaise nouvelle. J’ai encore pour souvenir la joie dans son visage, le soulagement qu’elle a eu lors de mon annonce 💕.
De mon côté, quel soulagement également, fini l’épée de Damoclès au-dessus de la tête, fini de me cachée, une nouvelle vie commence, elle va être belle, riche en émotions, cette année va être merveilleuse, j’en suis certaine. Je fus claire dans mes explications, je donne le programme de mon parcours, et très important pour moi, mon nouveau prénom, voilà bien des années que je l’ai choisie. Quelle surprise, aucun efforts à faire, tout le monde suit le mouvement, qu’à de rares moments mon dead name ressort et quand bien même ça arrive, la personne se reprend toute seule, je n’ai pas besoin de le faire, pourtant, encore ce mois-ci, rien n’est officiel, et pour mon plus grand bonheur, tout se passe parfaitement bien.
Mon chef, quant à lui, m’a donné les démarches à suivre du côté administratif par rapport à l’entreprise. Dans les jours qui viennent, je prends rendez-vous à la mairie de mon domicile afin de procéder à mon changement de prénom. J’habite alors encore en ce moment une petite commune située à quinze minutes d’Albi. Je me rends au service de l’État civil et explique les démarches que je souhaite entreprendre.
Je vais être en contact avec une femme des plus bienveillantes, Fabienne de son prénom. Elle me tend le formulaire cerfa 16233, que je remplis, mais il y a un, mais elle m’explique que c’est la première fois qu’elle a à faire ce genre de demande et ne souhaite pas qu’il y ait le moindre blocage sur mon dossier. Elle me demande de lui laisser mon e-mail, chose que je fais, et me dit qu’elle me tient au courant dans les plus brefs délais.
Dix février, un échange d’e-mail va se faire avec elle: 9 h 23.
Bonjour,
Je viens tout d’abord vous signifier que nous allons donner une suite favorable à votre demande de changement de prénom. Un courrier officiel vous sera envoyé dès la décision faite et signée par Monsieur le Maire. J’ai actuellement une interrogation, à savoir si votre acte de mariage (actuellement dissous) est impacté par ce changement de prénom. Dans l’attente de votre réponse, il me faudrait l’acte de mariage. Je peux le demander directement à Béziers, mais il me manque quelques informations concernant votre ex-épouse (date et lieu de naissance, nom de ses parents). Sinon, vous pouvez faire la demande vous-même et me communiquer cet acte pour le dossier.
Je vous remercie pour votre compréhension et reste à votre disposition.
Cordialement. Fabienne
Réponse: 11h03
Bonjour,
Je viens de faire la demande de l’acte de mariage auprès de la mairie de Béziers. Je vous le transmettrai dès réception de celui-ci.
Bonne journée.
Second mail : 11 h 08.
Je vous remercie. Je viens d’avoir l’information que j’attendais. En fait, tous les actes sont impactés, même sur la mention de mariage et de divorce mentionnée sur l’acte de naissance de votre ex-épouse. De ce fait, il me faudra également l’acte de naissance de votre ex-épouse.
Cordialement.
Fabienne
S’ensuit un échange téléphonique, elle m’explique qu’elle va de son côté demander directement à la mairie de Béziers les documents concernant mon ex-épouse, mais a besoin du livret de famille.
Dernière réponse ce jour, 11 h 20.
Suite à notre conversation téléphonique de ce jour, veuillez trouver en pièce jointe la copie de mon livret de famille.
Bonne réception. Cordialement.
Une semaine passe, je n’ai aucune inquiétude sur ma demande en cours, Fabienne et moi-même avons tout fait pour que celle-ci n’essuie pas de refus. Le dix-sept février, 11 h 17, nouvel e-mail.
- Bonjour,
J’ai reçu ce jour votre acte de mariage ainsi que l’acte de naissance de votre ex-épouse de la mairie de Béziers.
Je vous envoie les deux premiers feuillets de votre demande de changement de prénom afin que vous les complétiez.
– Mentionner un motif sur la première page, succinct, puis rajouter « voir lettre explicative jointe ».
– Mentionner en deuxième page, l’acte de mariage, ainsi que l’acte de naissance de l’ex-conjointe.
Je vous remercie et attends votre retour.
Cordialement.
Je m’empresse de remplir le document demandé, le scan, et renvoie le tout à 13 h 21, il ne me reste plus qu’à attendre désormais, mais vu les soins apportés au dossier, je n’ai aucune inquiétude…
Le vingt-huit février, ma demande est validée par Monsieur le Maire, je le reçois dans ma boite aux lettres deux jours plus tard, quelle joie à cet instant, 😍, et c’est également parti pour ce qui ne va être que le début des démarches administratives à réaliser. Première carte d’identité ( le changement de civilité viendra plus tard), carte de sécu, (deux fois également suite à une erreur de leur service), et bien sûr tous les restes, loyer, EDF, et, et, et, et voilà, c’est parti…….😁
Tous s’enchainent parfaitement bien en ce début d’année, aucune ombre au tableau pour le coup, mais c’est trop beau pour durée, nous sommes mi-mars, le premier problème se présente, et pas des moindres. Ma mère me téléphone, elle vient d’annoncer ma transition à celui qui était jusqu’à lors mon deuxième frère, celui-là même qu’à mainte et mainte reprise, j’ai sorti des embrouilles dans lesquels il a beaucoup de talents pour s’y mettre tout seul. Je le connais malheureusement très bien sur ce sujet, plus jeune il allait le soir cassé du « PD », plus tard, ça met des claques aux personnes trans, sans motifs légitimes, juste parce que, son côté « PHOBE » lui fait défaut, et de ce fait, je sais pertinemment que l’annonce que vient de lui faire ma mère l’a très certainement mis en colère.
Je ne me suis bien évidement pas trompée, mon téléphone sonne une fois, je ne réponds pas, puis deux, trois j’arrête de compter, et un, deux trois messages vocal, « mais que d’amour et de bienveillance dans ses propos ». « espèce de grosse salope tu vas me répondre » » sombre merde je vais te crever », bref que des messages de menaces, que j’ai gardée encore à ce jour. Ça se calme un peu, fin d’après-midi, je suis en voiture avec mon fils, le téléphone sonne de nouveau, encore lui, et je me dis que je ne vais pas pouvoir l’esquiver éternellement et décide finalement de lui répondre. Je décroche, et je n’ai pas le temps d’en placer une…
« Espèce de grosse salope, je le savais que tu n’étais qu’une grosse salope, alors comme ça tu veux devenir une femme, je vais t’expliquer moi, tu sais quoi, je vais monter, je vais te trouver, je vais te couper les couilles et te les faire bouffer grosse pute que tu es et le jour ou je te croise, je vais te mettre des grandes claques dans ta gueule sale pute »
Je coupe court, ses propos sont d’une violence qui me dépasse, hors de question de me faire marcher dessus de la sorte, je rappelle ma mère, lui explique la situation, et à ce moment, lui dit clairement que je ne souhaite plus avoir aucune nouvelle de lui, pas même en entendre parler, fini, choix qu’elle ne respectera pas, régulièrement « machin phobe par-ci, machin phobe par là » ça me saoule au plus haut point. (alors oui machin phobe, car pour ma part, c’est le prénom à ne plus prononcer, comme dans Harry Potter 😂). Restes-en suspens un problème majeur, j’ai depuis de nombreuses années un garage à Béziers dans lequel sont stockés une partie de mon outillage et diverses affaires dont je n’ai absolument plus besoin, et malheureusement, je lui ai donné accès à celui-ci pour y entreposer ses affaires.
La décision est prise, je n’ai absolument plus besoin de ce garage, qui me coûte un peu, sur lequel je paye des impôts. Je contacte la propriétaire et donne mon préavis, ce sera donc le vendredi quinze avril. Je préviens machin phobe par SMS que ses affaires doivent être débarrassées au plus tard le treize. Je n’ai bien évidemment aucune envie de le croiser. Une fois de plus, il rentre dans une colère noire et me prévient qu’il va surveiller et m’attendre avec son calibre douze canons sciés. Je garde ma position et lui indique qu’à cette date, s’il reste des affaires à lui, ce sera déchèterie, point barre.
Mais je ne peux pas faire le travail seule, je demande un coup de main à mon ami du bureau et un autre de Béziers. Je ne peux non plus prendre le risque de les mettre en danger et prends la décision de prévenir le commissariat de Béziers. Je tombe sur une première personne que mon histoire fait rire, mais j’insiste sur le fait qu’il se balade avec telle voiture, sans assurance, sans contrôle technique et surtout avec un canon scié dans la voiture, du coup je suis prise au sérieux, je leur donne la date et les heures pendant lesquels je serais présente.
Arrive la date, je passe récupérer le camion de location, je me rends sur le lieu, ils sont bien présents, deux voitures banalisées sont là, dès mon arrivée l’un d’eux vient me voir, me rassure, et me demande de faire au plus vite. Aucune précaution à prendre, les seules affaires qui avaient un minimum de valeur ne sont plus là, il a tout donné, mais il reste certaine de ses affaires également, peu importe, il était prévenu, nous chargeons le camion en moins de deux heures, direction la déchèterie.
Grosse journée de stress pour ma part, sur la route qui nous ramène sur Albi, après quelques kilomètres le gros besoin de faire une pause, j’ai des difficultés à mon concentrée sur la route, nous traversons un village peu après St-Pons de Thomière, un bar tabac est ouvert, je m’arrête. Toute la pression de cette journée retombe, grosse erreur pour moi, je prends un paquet de cigarette alors que j’ai arrêté depuis des mois déjà, mais mes angoisses sont trop fortes…
Ce mois d’avril aura également été initié de quelques rendez-vous importants. Le treize, j’ai mon premier rendez-vous avec celle qui sera mon orthophoniste pendant plus d’un an, le Dr Véra Santafé Isabelle de Toulouse, elle aussi va être actrice de ma nouvelle vie, me voir évoluée, physiquement bien sûr, mais surtout vocalement, je pars d’une voix très basse, beaucoup de travail à accomplir, mais je m’y tiens, fais mes exercices quotidiens, et avec le temps, les résultats sont là, j’aurais espéré un peu plus, mais soyons réaliste, un baryton ne chantera jamais comme une diva 😅, la testostérone à fait ses ravages au fil des années passé…..
Tout le long de mon suivi, j’y ai trouvé une oreille attentive à mes émotions, mes besoins, certaine fois, en grandes difficultés, le rendez-vous se passera juste à discuter, » ou en es-tu ?, comment te sens-tu ? » une bienveillance, TOUJOURS, 🙏Mille mercis à toi Isabelle pour la patience, l’écoute dont tu as fait preuve, et tout ce que tu m’as partagé pour que j’obtienne des résultats probants.
Le quatorze avril, troisième rendez-vous avec mon endocrinologue, première prise de sang, premier bilan. Je tolère bien mon traitement, j’assimile bien les œstrogènes, les bloqueurs de testostérones font bien leur boulot, que du positif… Aucun changement à prévoir, la route continue avec elle (pour le moment).
Pour finir ce mois, le déménagement du garage à Béziers a laissé des traces. Deux semaines que je suis très angoissée, du coup, je me mets en quête de trouver une activité qui puisse me détendre. Je trouve à proximité de chez moi des cours de yoga, je m’inscris par téléphone, explique ma situation, ce qui ne pose aucun problème, et je me rends donc à mon premier cours le vingt-cinq avril. Cette séance va me faire un bien fou, j’en ressors l’esprit léger, totalement détendu, et ce, pour plusieurs jours. Je continue chaque semaine, jusqu’à fin juin. Les bienfaits apportés sont bien là, mais suite aux frais engendrés par mes traitements, je suis obligée d’arrêter. Certaines priorités se posent, le traitement n’est pas une pilule magique non plus, et je souhaite à tout pris me débarrasser de cette barbe que je ne supporte plus.
Nous voilà au mois de mai, j’effectue constamment des recherches sur internet, pour tout programmer. Je n’en suis qu’au début, il me faut trouver des chirurgiens, j’ai prévu plusieurs opérations pour ma part. Au fil de mes recherches, je vais trouver ce dont j’ai besoin, j’ai commencé l’épilation du torse sur Albi, et malgré mon ALD, ça me coute, mais j’ai fini par tomber sur une information des plus intéressantes, un centre d’esthétique basé à Toulouse, qui pratique ce genre de traitement, SANS dépassement d’honoraire.
Premier rendez-vous pris, dix-huit juin. Un collègue de travail à sa femme qui travaille à l’hôpital Larrey de Toulouse, il me parle que le chirurgien pour lequel elle œuvre, le Dr Vairel pratique la réduction de la pomme d’Adan. Rendez-vous pris également, ce sera le vingt-deux juin. Je continue mes recherches et trouve celui qui va procéder à ma Vulvoplastie, le Dr Jean-Étienne Terrier à Lyon. Rendez-vous pris en visio le sept septembre.
Le mois de mai ne va pas être une partie de plaisir pour ma part. Début du mois lors d’une sieste, je me fais piquer au visage, par, je ne sais quoi, quarante-huit heures plus tard, j’ai déjà la moitié du visage très gonflé, je me rends aux urgences de la clinique Claude Bernard à Albi, et lors de la consultation, le médecin en charge me sort, sans même m’avoir consulté de près, « Mme vous faites un zona ophtalmique », je repars avec un traitement et une semaine d’arrêt maladie.
Les jours passent, mais mon état s’aggrave, cinq jours plus tard, j’ai la totalité du visage tel un ballon de rugby après un match, ça me tire énormément, j’ai le feu et la réaction cutanée est très violente. Je prends donc rendez-vous avec mon médecin traitant en visio, qui lui expliquant les faits, diagnostique tout autre chose. Il m’annonce que je fais un choc anaphylactique et me met tout de suite sous antihistaminique. Et une semaine de plus d’arrêt maladie….. 😔 Mais quatre jours plus tard, mon visage est à peu près revenu à la normale, en revanche, déjà que j’ai de la dysphorie avec mon passing, me voir dans un tel état m’a été très difficile……
Je repends le boulot en télétravail pour deux jours, et je perçois une grosseur très mal placée, qui commence à me bruler. Je retourne au bureau le mercredi, la douleur est de plus en plus forte, ça gonfle de plus en plus. Le vendredi matin, il est aux alentours de dix heures trente, la douleur est trop forte, je préviens mon chef et file aux urgences (encore une fois), à la vue de la grosseur de l’abcès et de mes douleurs, le personnel fait appel à un chirurgien, le bilan tombe, je dois être opéré le soir même.
Chose faite, quinze jours d’arrêt de plus, 😔 le lendemain en chambre, ça se complique, j’ai effectué mon changement de prénom, mais ma carte d’identité n’est pas à jour, et là le personnel insiste à utiliser mon dead name, alors que j’ai tous les documents sur moi prouvant le contraire, inexplicable…… 😡. J’adresse donc un courrier au directeur de l’hôpital, et je reçois quinze jours plus tard une lettre d’excuse très bien écrite. Bref, bilan du mois, j’ai travaillé moins d’une semaine et j’ai passé le reste du temps en arrêt, j’en sors très fatiguée…
Les mois s’enchainent, les rendez-vous aussi, désormais je me rends à Toulouse toutes les semaines pour une heure d’épilation électrique, le médecin en charge m’a prévenue que c’était un long processus, je ne compte pas perdre de temps à ce niveau, (nous sommes le 27.12.23 au moment où j’écris ces lignes, le traitement n’est pas fini), la barbe c’est long, persistant, mais avec de la persévérance les résultats sont là…
Vingt-six juillet, je me rends à Béziers voir ma psychiatre, je lui parle de mon projet d’opération, elle n’y voit aucune objection, elle connait ma situation, nous échangeons sur ce point et je repars avec ma première attestation à destination de mon chirurgien. L’été passe, ça avance bien. Lors de mon rendez-vous avec le Dr Vairel au mois de juin, la date de mon opération a été fixée en janvier 2023.
Mais les hormones font leurs boulots, les changements physiques avancent moins vite que ce dont j’avais espoir, en revanche, les changements psychologiques sont bien présents, je me pose dix mille questions, tous commencent à se mélanger dans ma tête, ça me perturbe au plus haut point, je ne remets nullement en doute mon choix, mais la sensation à cette période est très bizarre, énormément de mal à me concentrer, le travail m’est de plus en plus difficile, j’ai besoin d’une pause…… Mon médecin me prescrit quinze jours d’arrêt de travail et j’en ai clairement besoin…
Précédemment lors de mes recherches, j’avais vu que sur Nîmes se trouvait une association, plus exactement un pôle trans, je profite de cet arrêt pour entrée en contact, je ne vais pas pour le mieux, mon médecin n’a pas de réponse à m’apporter, mon endocrinologue non plus….. Très rapidement Marina me contacte par téléphone, c’est elle qui est en charge des entretiens et du suivi des membres de l’association, nous échangeons un long moment, mais elle me rassure, tout est normal, ça fait partie du processus, et arrive un moment ou !!!, c’est comme ça, aucune inquiétude à avoir. Je fini cet entretien rassuré, et je ne le sais pas encore à ce moment, mais j’ai une chance énorme de l’avoir rencontrée, nous nous verrons réellement fin octobre.
Sept septembre, le voilà enfin ce rendez-vous que j’attends avec impatience, celui avec le Dr Terrier, je suis encore en arrêt, à la maison, au calme, quand bien même nous ne nous sommes pas encore rencontrés, Marina me l’a décrit, elle le connait bien, car elle accompagne régulièrement à Lyon les membres de l’association qui franchissent le pas. Il commence par m’expliquer l’opération dans tous ses détails, les risques, les gains psychologiques que ça apporte, me montre un PDF de photos d’opération qu’il a réalisé.
De mon côté, je lui exprime mes motivations, lui précise les spécialistes qui me suivent, la durée. C’est à ce moment que j’apprends que pour une prise en charge de la sécurité social, il faut un an hormonothérapie, de ce fait, je n’en suis pas loin, mais il m’annonce que celle-ci ne pourra être réalisée au mieux printemps 2023, j’accuse le coup, de toute façon, pas le choix et je comprends bien qu’il doit y avoir de la demande pour ce type de prise en charge, les spécialistes capable de ce genre de prouesse peu nombreux, donc….. Il va falloir attendre 😒
Reprise du travail, ça va mieux, mais ce n’est pas encore ça, régulièrement je me prends en photo pour y voir les changements, certes il y en a, mais ma dysphorie est bien là, toujours aussi présente, pour ma part, j’ai depuis le début de mon traitement des douleurs à la poitrine, mais celle-ci n’a pas pris un centimètre 😒, les changements physique présent, mais largement insuffisant à mes yeux, les encouragements de mes collègues sont là forte heureusement, leurs présences sont indispensables en cette période….. Et nous voici fin octobre, je me rends à Nîmes pour y rencontrer Marina, elle est resplendissante 😍, son accueil des plus chaleureux, nous échangeons durant environ trente minutes, répond avec beaucoup de précision à certaines questions existentielles que je me pose, me rassure, je suis ravie de l’avoir vue, et je ressors de cet entretien l’esprit léger.
Et les semaines passent…
Fin novembre, le vingt-trois plus exactement, je reçois un e-mail auquel je ne m’attends vraiment pas. Le secrétariat du Dr Terrier m’annonce que suite à un désistement, j’ai la possibilité de me faire opérer le sept décembre. J’en discute avec mes collègues du bureau qui me disent, vas-y, fonce. Ma joie à cet instant est indéfinissable. Je confirme la date, remplis le dossier d’hospitalisation, prends le rendez-vous avec l’anesthésiste en visio pour le trente du même mois. Tout se met en place, mon rêve va bientôt prendre forme, ENFIN…
Les délais bien trop court ne me permettent pas de me faire prendre en charge par un VSL, c’est donc avec mon véhicule que je me rends à Lyon le six décembre, date de ma convocation, car je dois être opéré le lendemain matin vers sept heures. J’arrive vers seize heures, je me présente dans le service de l’hôpital Jean Mermoz, le personnel procède à mon admission, et me met en chambre. Je suis peu stressée, j’attends ce moment depuis tellement longtemps, je passe quelques coups de téléphone, dont un que j’aurais mieux fait d’éviter vu la réponse faite : « je n’aimerais pas être à ta place », je réponds que c’est mon choix et non une contrainte 🤷♀️, bref…..
La soirée arrive, le repas m’est servi, léger bien sûr, suite à quoi les infirmières passent me voir et me demande de me préparer pour le lendemain, épilation complète de toute la zone intime, je m’exécute, et pour finir, un petit décontractant avant de dormir, on ne sait jamais 😅. Je me couche, la nuit passe…….
Sept décembre, 5 h 30 du matin, la porte de la chambre s’ouvre, l’infirmière me réveille. En revanche, son annonce va me dévaster. Mme, votre intervention est annulée, le Dr Terrier a la covid, il est cloué au lit et elle ressort. Je mets quelques minutes à tenter de comprendre ce qui se passe, je suis totalement sous le choc, perdue, je m’habille et me rends au bureau des admissions pour avoir plus de détails. On me confirme l’annulation, ne savant pas quand celle-ci peut-être reprogrammée, je dois rentrer chez moi.
Je suis anéantie, descend boire un café, deux trois, je ne sais plus ou j’ai la tête, je traine à plier mes affaires, l’heure tourne, je descends à nouveau, sort de l’hôpital pour me rendre au bureau de tabac le plus proche, un passant m’interpelle pour je ne sais plus quelle raison, peut-être à cause de la tête que j’ai à ce moment, je n’ai pas la force de lui répondre, je sors, fume une, deux cigarettes, je suis en pleure, mon rêve le plus chère se ferme devant moi, je ne comprends pas….. Je fini par remonter à la chambre, une des infirmières s’inquiète de mon état, me demande comment je rentre. Quand je lui réponds que je suis venue avec mon véhicule, elle me demande si ça va aller. Pas le choix de toute façon…
Il est près de onze heures quand je quitte l’hôpital, je regagne ma voiture, il pleut, j’ai froid, j’ai mal, SI MAL. Je prends place au volant, je l’attrape, à ce moment, ce besoin de crier mon désespoir, je hurle pendant plusieurs minutes, plusieurs personnes passent, vois la scène, mais personne ne va me demander ce qu’il se passe.
Je pleure, encore, toujours, je reprends la route du retour pour Albi, j’ai mis environ six heures pour monter, il ne m’en faudra un peu moins de cinq pour revenir, je roule à vive allure sur l’autoroute, cent cinquante, cent soixante kilomètres heure, je ne ralentis qu’au radar automatique sur le trajet, mon permis, je n’en ai que faire à ce moment, je téléphone, mes collègues de bureau, ma collègue également, je passe un long moment au téléphone, ils tentent de me réconforter, rien n’y fait, je suis inconsolable, je pleure toujours….. Je fini par arriver à la maison, je rentre, je jette mon sac dans l’entrée, j’éteins mon téléphone, je prends deux Lysanxia, me couche, je suis épuisée, je m’endors et ne me réveille que tard le soir.
Comme personne n’a de nouvelle depuis que je suis rentré, lorsque je rallume mon téléphone, j’ai plusieurs messages de mes proches, ils sont inquiets bien sûr, mais je n’ai pas la force de rappeler, je le ferais le lendemain. Je prends également un rendez-vous en urgence avec mon médecin traitant, il me prescrit quinze jours d’arrêt sans poser plus de question au regard de la situation. Encore une fois, les vrais ami.e.s répondent présent, m’appellent régulièrement les premiers jours. Une épreuve, UNE DE PLUS, je reprends pied rapidement, dès le troisième jour, je reprends mes rendez-vous à Toulouse pour l’épilation, sur conseil de mes collègues, je ne fini pas mon arrêt de travail et retourne donc au bureau, certainement la plus sage décision, ça me fait tellement de bien de les retrouver, leur soutien est nécessaire, ils ont tellement raison…..
L’année se finit sur une très grosse déception, mais comme le dit le proverbe, parfois il faut savoir reculer pour mieux sauter, ça va être mon cas. Je ressors plus forte que jamais de ce moment, j’intègre l’association dont je fais désormais partie, je vais y rencontrer de belles personnes. Au final, je n’ai rien perdu, au contraire, j’y ai gagné…
Fin de cette année 2022, avec des hauts, des bas, mais tellement de souvenirs… La vie est belle, mon histoire continue, TOUJOURS… Ne pas baisser les bras, JAMAIS…
